| .  | 
      
	  
	    
	  Article paru dans Rocksound à l'occasion de la sortie de Enfoncez le clown. Interview de François et Masto.
  
	  
  
		   
          Eh hop ! Déjà une décennie que Bérurier Noir n'est plus. Mais, en premier 
          ambassadeur du rock français alternatif, le groupe ne pouvait pas passer 
          sous silence ses dix ans de séparation. Après les posthumes "Vive Bertaga" 
          et "Carnaval des Agités", c'est au tour de "'Enfoncez le Clown", une 
          compilation de 21 des meilleurs titres des Bérus remastérisés à la sauce 
          99, de célébrer le mythe. Et pour nous, de recueillir les impressions 
          de François et Masto, clowns en chef de la joyeuse troupe.  
           
          Avant 
          tout, peux-tu m'expliquer le pourquoi de cette compile ? 
          François : On voulait marquer de façon grand-guignolesque les 
          dix ans de la fin des Bérus. Au départ, on devait faire un nouvel album 
          carrément, qui a été reporte pour des raisons techniques. On n'était 
          pas au point. Comme on n'a pas encore commencé les répètes (rires), 
          on n'est pas vraiment au point! Mais c'était l'idée de départ : faire 
          un nouvel album pour décembre 99, c'est tombé un peu à l'eau. Tu sais, 
          on a chacun nos activités. Peut-être que ça se fera dans l'avenir, mais 
          je n'en sais rien pour le moment. On verra. Du coup, sous la pression 
          des gens qu'iI soient anciens fans ou connaissant nouvellement le groupe, 
          on trouvait que le son n'était pas à la hauteur. Tu vois maintenant, 
          on a des écoutes beaucoup plus exigeantes. Tous nos CD ont un son un 
          peu rikiki par rapport aux productions qui se font maintenant. On a 
          donc décidé de marquer ce dixième anniversaire en faisant cette compilation 
          remasterisée sans une seule photo du groupe, il n'y aura que des dessins.
         Les gens s'attendaient peut être 
          à autre chose que cette simple compile on avait entendu parler de démos 
          réenregistrées?  
           F : On avait des démos mais on a un problème de studio on 
          a une ou deux vieilles démos mais on a unproblème de lecture. Jusqu'à 
          présent, on n'a pas trouvé le moyen, techniquement, de lire la totalité 
          de ce qu'on a. Pour l'instant, ça va rester de l'ordre d'une compilation 
          améliorée. Mais je crois que le digipack avec les dessins de Lol risque 
          d'être assez intéressant. Enfin, nous ça nous a permis de nous retrouver 
          sur un projet et de prendre du plaisir à faire quelque chose, 
          Masto : Moi, je trouve qu'avec la remasterisation, ça vaut le 
          coup. Je vais écouter ça sans sourciller. Et ça, je ne m'y attendais 
          pas. Je pensais qu'on allait foutre des basses comme sur une radio que 
          je n'aime pas. En fait, pas du tout. C'est carrément bien. En plus, 
          c'est une liste de morceaux qu'on aime bien, avec un son écoutable. 
          Si t'écoutes un vieux disque par rapport à ce qui se fait maintenant, 
          t'aurais l'impression que la chaîne est nase.
          Et les relations sont-elles 
          bonnes entre les Bérus aujourd'hui ? 
           F : Oui. Le seul problème, c'est qu'on vit chacun séparé. 
          L'essentiel de la création s'est fixé autour du noyau constitué par 
          Laurent, Masto et moi. On a du mal à rentrer en contact avec Laurent 
          pour l'instant. Ça fait six mois qu'on n'a pas vraiment eu de contact, 
          mais tous les ans, on se voit, En tout cas, si on se fait chier à enregistrer 
          quelque chose , on le fera jamais. Si on y prend du plaisir, si on trouve 
          ça assez subversif, assez intéressant au moins pour nous on verra. Mais, 
          entre nous, on a quand même d'assez bons rapports. 
          Et quels ont été les occupations 
          des Bérus ces dix dernières années?  
          F. : Tu sais, chacun a pris des chemins un peu différents. Bon. 
          c'est vrai qu'en 1983, on était quasiment que deux. On était considéré 
          comme une sorte de duo juste Loran à la guitare et moi au chant et aux 
          accessoires. Et tout ça s'est enrichi un an après il y a eu Helno (futur 
          chanteur des Négresses Vertes - ndr) et Lol, le dessinateur qui sont 
          venus plutôt pour faire des chœurs et des acrobaties. À la fin, en 1989, 
          on était treize personnes, on fonctionnait quasiment comme une groupe 
          de théâtre. Avec un noyau de créateurs et tous les gens autour qui apportaient 
          leur identité et leur image. Je pense par exemple à Miki qui était acrobate, 
          Lol qui faisait des acrobaties assez dangereuses sur scène, à Jojo, 
          Nounours, Valoche qui, elle, s'occupait des costumes, les deux titis… 
          l y avait vraiment du monde. 
		  
		   
          Quand on partait, on se retrouvait entre dix et vingt personnes sur 
          la route. Et, en 1989, tout ce petit monde-là a explosé, on est tous 
          partis dans des chemins très différents Loran a tout de suite continué 
          la musique en faisant un groupe avec un gars de Bordeaux et un autre 
          qui s'appelait Ze Six, apparemment ils n'ont rien enregistré. Moi, à 
          1 époque, je m'occupais du label Division Nada. Un an après l'aventure 
          Béru, je me suis lancé dans Molodoi pendant quasiment six ans. Masto 
          a continué dans la photo. Mais on continue à se voir. Pas tout le monde 
          tout le temps, mais de temps en temps.
          Sans parler de réformation, est-ce 
          que tout ce petit beau monde ou ne serait ce que le noyau dur pourrait 
          se réunir pour un concert ? 
          F : Franchement, on y a pensé parce qu'on s'était dit que si 
          on sortait un nouvel album, autant faire quelque chose de rigolo et 
          autant faire un seul spectacle mais bien fait. Pour l'instant, ce n'est 
          pas à 1 ordre du jour... mais je ne dis pas jamais. Je pense que plus 
          on attend, moins c'est probable. également pour des raisons pratiques. 
          Laurent a des enfants, Masto a des enfants, moi je vais avoir des enfants. 
          Récemment, tout le monde est un peu occupé. J'aimerais bien que ça se 
          fasse comme ça. Si on pouvait faire un truc pour l'an 2000, ce serait 
          rigolo. Ce n'est pas qu'on est fainéant, mais on ne veut pas non plus 
          s'obliger a rentrer dans un délire de reformation marketing. Nous, ça 
          nous ferait quand même rigoler de le faire, c'est clair. Chanter l'empereur 
          Tomato Ketchup en l'an 2000, ce serait rigolo.  
          M. : Pour moi, c'était peut-être l'occasion maintenant. Dua fit 
          que ça ne se fait pas, plus du tout. En revanche, je suis assez ouvert 
          à un truc disons après soixante ans, Un truc du troisième âge je le 
          sens assez bien. Mais, dans les années à venir, je n'y crois pas pu 
          tout. Ça ne me ferait pas marrer. Là, c'était sympa pour les dix ans, 
          on avait un assez bon feeling entre nous, on ne veut rien gâcher avec 
          quoi que ce soit, Cependant, le truc du troisième âge me branche vraiment. 
         Mais quand on s'appelle 
          Bérurier Noir et qu'on sort quelque chose, c'est quasiment le succès 
          assuré, non ?  
          F: Je n'en sais rien franchement. Là, je ne me rends pas bien 
          compte je ne vois pas vraiment. Entre ce qui se dit et la réalité du 
          marché, il y a une différence. J'espère que cette compile va marcher, 
          je ne veux pas non plus que ce soit le gros gros délire, une trop grosse 
          popularité pour noyer complètement le contenu ou les messages que tu 
          veux faire passer. C'est idiot, mais c'est le revers de la médaille. 
          Bérurier Noir reste une sorte de mythe du rock français pour une raison, 
          c'est qu'on na jamais été impliqué dans les magouilles du show bizz. 
           
          Surtout à l'époque. c'était très très fort, maintenant c'est encore 
          autre chose.
          Est ce que tu penses que quelqu'un 
          qui ne connaît pas les bérus, qui achète cette compile, captera les 
          degrés et les messages comme ils étaient compris il y a plus de dix 
          ans ?  
           F : Oui et non, c'est sûr que non dans la mesure 
          ou toute chose qui a vraiment marqué une époque vieillit, en bien ou 
          en mal, mais vieillit de toutes façons. Il y a des textes sans doute, 
          qui sont complètement désuets aujourd'hui, et d'autres qui gardent une 
          certaine force parce qu'ils sont atemporels. Tout ce qui est de l'ordre 
          du pseudo Conte ou de la petite histoire racontée sans marque de temps 
          précise, ça va rester.. Apres ça peut vieillir par la musique.
          Même certains textes plus politiques 
          sont toujours d'actualité, les choses que vous dénonciez il y a quinze 
          ans et qui sont toujours là… 
          F : Oui quand je vois la France, je suis terrorisé. C'est un 
          pays qui se glorifie de son passe et qui n'arrive pas à assumer ses 
          bêtises. C'est aberrant aujourd'hui dans la France de l'an 2000 de voir 
          que quand tu es noir ou que tu portes un prénom arabe, tu ne peux pas 
          entrer à la télé. Il y a une énergie énorme en banlieue et qui non seulement 
          n'est pas canalisée mais qui trouve des portes fermées devant elle. 
          Je comprends très bien quand NTM pousse une gueulante, même si je ne 
          partage pas tout dans leur façon de faire. Justement aujourd'hui, ils 
          se tournent vers un messages plus positifs, Mais ce que je veux dire, 
          c'est qu'il y a toujours un problème en France, une sorte de racisme 
          anti-jeunes qui est aberrant aujourd'hui. 
         propos receuillis par Nathalie Vincent
	   | 
		
      . |