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[Archives - Presse - Viandox n°3]


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1996

Allez, pour la troisième fois et n'en déplaise à certains, une nouvelle élucubration, et une longue en plus !, de Zizou-Grazu sur nos magnifiques Clowns-militants. Bérurier Noir, groupe mort mais encore inégalé, qui aura fait vibrer beaucoup d'anarcho-punks ou skinheads libertaire. Heureux de partager un peu de ce vent incontrolable qui souffle encore !

Les Bérurier X Noir ont commencé leur véritable épopée sur un concert d'adieu ... Étrange détonateur de sept ans de Rock éléctrocannibal, détraké et minimaliste. Car aujourd'hui, alors que BN s'envoyait en l'air à grands coups de "Vive le Feu", de "Porcherie" ou de "Maknovtchina", dans la grande salle de l'Olympia, quelles sont les impressions qui nous restent ? Celles d'un groupe comme tant d'autres et d'un éphémère mouvement de mode, ou celle de toute une aventure à la Indiana Jones, peuplée de flics méchants et de fafs brutaux, d'engueulades internes et, ma fois de désillusions, mais aussi et surtout d'histroriques moments, de luttes acharnées et optimistes, et enfin cloturée par un dénouement heureux !
Ouais !, les Béru, c'était pas une guitare, une boîte à rythme et un chant. Non !, les Béru, c'était une zik, un grafism, des tronches et une étik de vie.

Une zik. Chaque morceau des Béru était en soi un cauchemard et une franche rigolade; chaque morceau était une triste constatation sur cette comme de société, et un coup de piéoku revigorifiant ! Les Béru mélangeaient le militantisme, la dénonciation, la lutte et l'investissement politique avec cet espèce d'arrière goût à la Toto ou à la Crados, pouête-pouêt !, le côté garnement façon Quick & Flupk, lance-pierres et farce-et-attrapes bon enfant ! En quelques mots, la Fête pure et dure ! Les BN ont été une Véritable force (ou farce, si vous voulez) contre-pouvoir, anti-flics, anti-beaufs, anti-fafs, sans jamais perdre de vue la grosse Fiesta ! Sur scène, ils apportaient et réconcilliaient son et couleur. Son nouveau et jusqu'alors inexpérimenté de guitare torturée, écorchée, saturée, et de choeurs massifs, mélodiks et joyeux ! Couleurs et tâches sintillantes sur scène ou sur la moindre photo grâce à leurs déquisement et leurs masques.
A propos d'éthique visuelle, les Béru, inovaient non seulement avec leurs prestations scéniques époustouflantes et éclaboussante de luminosité, mais avec aussi leurs posters et leurs pochettes de disques. C'est ce côté urbain que j'ai essayé de retrouvé dans Viandox, ce côté papier journal déchiré.
Les Béru, c'est aussi des tronches. Une banda bézoumie de Punks détrakés. Des copains, qui, pendnat quelques années se sont réunis autours d'un feu de joie pour fumer le calumet d'la paix, puis qui sont allés poursuivre leur chemin respactif. Certains se sont dirigés vers le Regga (Marsu, une des deux Titis, Jean-Mi ...), certain vers la photo (Masto ...), certain vers le punkoiska (François, Pascal Kung-Fou ..), d'autres vers le Punk Hard-Core (Loran ...). Une autre vers le cirque (l'autre titi). Un autre vers la chanson française métissée au flamenco, puis vers un autre Monde (Helnoc). Une encore a du grandir (Alice, qui en 89 avaint 8 ans !). Un autre a carrément viré de bord, et est devenu con (Alteau, alias Docteur Keupon et Mister Beauf !).
Il y en a qu'on a plus simplement perdu de vue (Laul, mon dessinateur préféré !, Jojo le cracheur de feu, Pierrot Kamouflage, qui, un moment, a travaillé à Division Nada ...).
Et puis enfin les Béru, c'était des anecdotes de galère dans les Squatts, de manifs, de concerts surnaturels, d'embrouille avec les keufs (la plus grosse étant Black War !) à chaque interview ! ! C'était des péripéties tous les jours; une véritable aventure initiatique vécue à 100 % !!!!
Les Béru n'avaient rien pour être connus. Les Béru n'ont rien fait pour être connus. Et pourtant, lorsqu'ils se sont aperçus qu'une grande partie de la jeunesse s'identifiait à eux et à leurs textes, ils ne se sont ni débinés, ni dégonflés, et n'ont pas refusé hautainement cette reconnaissance au nom de leur intégrité ! Non, ils sont allés de l'avant en renforçant les liens avec leur public grâce au Mouv'ment d'la Jeunesse, leur bulletin d'info, et en se présentant comme le porte parole, l'ambassadeur de cette jeunesse révoltée, enragée mais Solidaire !!!
Quand les Béru sont devenus plus écoutés à la radio, donc plus accessibles d'un point de vue du marché, ils n'ont pas trahi leur démarche Alternative et Indépendante, au contraire, c'est leur message d'espoir sans conscession, révolté, libertaire et anarchisant qu'ils ont popularisé et dispersé dans tous les pays francophones, et même ailleurs, sans pour autant adoucir le moindre de leurs propos et aseptiser un peu de leur Rage !!!
Bref, Béru, ça reste une marque sincère pour la Jeunesse. Béru ça reste aussi une source d'inspiration qui a donné immédiatement naissance aux Ludwig (bien qu'ils se détachent depuis "Séoul 88" de cette influence), plus récemment à Bonlieue Rouge (mais eux aussi, à partir du troisième album ont perdu cette influence ...), ou tout dernièrement aux P4, qui déboulent en force avec d'énormes boîtes-à-rythmes, les guitares sauvages, et sur scène, tout l'attirail qui faisait la magie bérurières : chapeaux melon, masques de froids, longs keffieh dégoulinants ... Ajoutez à cela de magistraux lancés de PQ (du PQ pour les P4 ! ) ... Bref, la java totale !!! Tout ça fait que béru est un groupe don't on peut parler au présent, même presque 6 ans, déjà ? !!, après ses adieux (ses vrais, cette fois-ci !) ! Salut, mister Bérurier ! Bonsoir ! Alors que la fanzinothèque sort le fameux dossier de presser sur les bérurier Noir, et que du coup, j'ai l'occasion de découvrir la moindre interview, je m'aperçois d'une chose : de fanzine en fanzine, de témoignage en témoignage, les projets abondent, fusent. Qu'est-ce-que cela signifie ? Que les Béru avaient ressenti un profond manque, et que leur volonté d'action était si grande, leur volonté d'action était si grande, leur impatience si incontenable que les BN finissaient par ne plus réaliser que un centième de leurs désirs, et que dans leur précipitation enfantine, ils laissaient en plan tout leur petit catalogue féerique d'envies.
Au départ, les Béru, c'était la zone. Les squatts, l'ennui, le silence. D'un autre côté, six cordes sur un manche, quelques amplis. Alors, le bruit; oui, le bruit ! ... pas la musique, simplement quelquechose de physique, de concret, de corporel ... Bref, un choix pour ne plus se faire chier. Un choix qui aurait pu être autre chose, ou qui aurait pu évoluer tout à fait différemment. Mais la véritable impulsion des Béru, c'était bouger. Ils avaient même pensé, au début, aller réclamer au gouvernement de quoi fonder une association pour les jeunes. Cela peut paraitre trop vaste, trop indécis, trop flou comme projet. Pourtant c'était bien cela : les BN voulaient se mobiliser pour la jeunesse tout entière. Ilse trouve que les Béru ont eu un public très restreint, très limité, et ça à cause d'une musique, ou pour reprendre l'idée de tout à l'heure, d'un bruit mélodique peu accessible, car sauvage, minimaliste, expérimental et ... punk, quoi ! C'est cette contradiction qui a fait que cette assos n'a pas vu le jour : les Béru voulait chanter pour "tout le monde", briser les murs, les distinctions, mais sans trahir leur musique sans concession, marginale et associale. Or, malheureusement, peut-être ces deux choses sont-elles incompatible ? Toujours est-il que cette idées parmis tant d'autres témoigne cette utopis constante recherchée par les Béru, ces rêves trop nombreux, trop abondants, et cette soif de solidarité !!!
En vrac. Les Bérus avaient pensé poursuivre leur contagion anarcho-libertaire à travers une troupe de cirque (je pense que ça aurait ressemblé à Archaos), projet réduit à un nez rouge par personne ! Ils avaient pensé enregistrer un album de chants populaires révolutionnaires anarchistes. Ils se sont contentés de la "Makhnovtchina" sur le 45t avec Haine Brigade pour Noir&Rouge et de "Dansons la Ravachol", sur scène. Ils avaient pensé reprendre "On Nous cache Tout, On Nous Dit Rien" de Dutronc, ils se sont contentés du vers "Merde in France" sur "On A Faim". Ils avaient pensé partir en rendonnée, avec leur public, camper, vivre à l'indienne avec lui. Ptojet non réalisé. Ils avaient pensé faire un spectacle gentillement subversif à la Guignol pour les tout-jeunes. Ils se sont contentés de baisser le son à des concerts ou il était prévu que de la marmaille vienne. Ils avaient pensé changer l'Histoire, faire trembler l'Etat, planter de drapeau Noir. Ils l'ont fait, en quelque sorte ... mais à minuscule échelle ! C'est cette interminable ompatience qui a fait la féerie des Béru ! Leur incurable naïveté, leur déconcertante fragilité ! Ces constantes contradictions internes, ces insoutenables remises en question ! ... Car quoi, cette impuissance à réaliser tous ces rêves, elle a bien du se compenser quelque part ? Et ce quelque part, c'est la scène, ou les Béru ont surdosé leurs spectacles de chaleur humaine ! Alors bon, les Bérus ça a été un échec, que d'avoir arrété quand tout commençait, que de contenir leur propre fin en leur sein même ? Oui, les Bérurier Noir, ça a été le plus attendrissant, le plus pathétique, le plus insolite et le plus merveilleux de tous les échecs : un échec victorieux !

Sans jamais être incohérents, les Béru ont toujours développés les contradictions et la dualité qu'ils préservaient volontairement et amoureusement. Sages et agités. Militants et inclassables. Destroy et contructifs. Accueillants et dérangeants. Prisonniers et libres. Acharnés et épuisés. Mélancoliques et rigolards. Conscients et insouciants. Téhoriciens et actifs. Absurdes et plausibles. Mûrs et enfnatins. Mélodiques et bruyants. Béliqueyz et pacifiques. Réalistes et surréalistes. Ahthées et bouddhiste. Individualistes et solidaires. Indiens et urbains. Désabusés et plein d'espoir. Doux et rentre-dedans. Tristes et joyeux. Masque à gaz et nez de clown. Grimaçants et souriants. Punks et poètes. Antimilitaristes en treillis. Toxic et écolos. Sérieux et bouffons. Rêveurs et lucides. Diffamants et respectueux. Enragés et amoureux. Septique et convaincus. Contemplant et critiquant. Méditant et bâclant. En Enfer, au Nirvana. Guides perdus. Perdants et glorieux. Drapeau Noir, drapeau Blanc. Morts et vivants.Yin et yang.

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