. . .
.
[Archives - Presse - On A Faim n°12]


.
. . .
. . .
.

Numéro 12 - 1989 - Marsu

Encore les Bérus dans OAF ! !!!!! (hé oui, quand on aime on ne compte pas). Promis-juré dans le prochain on n'en parlera pas (quoi que !). Mais quand même, ils sont allés au Québec, ça valait quand même le coup d'en savoir plus, puisque c'est pas un pays ou on ne peut aller si facilement (money oblige). Marsu a pris sa plus belle plume pour nous faire partager le vécu, et quand il écrit c'est comme quand il parle, c'est toujours long et pimenté. Voyage aller-Retour pour les Bérus au Québec

Jean Pierre m'a demandé de dresser un petit tableau de notre tournée au Québec en Novembre dernier. J'en profiterai également pour esquisser la situation locale, spécialement, bien sûr, celle de la scène alternative.

Tout d'abord, il faut voir que cela fait 3 ans que nous devions aller au Québec.

En 87, la tournée avait capoté (alors qu'elle était déjà pratiquement bouclée au niveau organisationnel), car nous avions décidé après le printemps de Bourges (Avril 87) de faire la "grève des concerts", en fait de mettre le groupe en panne. Déjà les billets étaient en vente (pour les 5-6-7 juin), l'annonce l'annulation avait provoqué un bordel monstre, beaucoup n'ayant pas pu se faire, faire rembourser leurs billets à la suite de magouilles locales extrêmement chelou.

En juin 88, le groupe reparti dare-dare était pressenti pour le F.I.R.M. (Festival International de Rock de Montréal), gros événement culturel très subventionné. Sorte de Printemps de Bourges local, dont c'était la 2e édition. Orienté principalement francophone, ce festival quoique alléchant (grosse couverture médiatique, ce fut l'article de Best en septembre 88, par Jean Eric Pérrin, tous frais payés, cachet de 1000$ -5000F-, possibilité de plusieurs autres concerts ...), sentait le roussi par ailleurs: mélange des genres, présence de plusieurs groupes avec lesquels nous n'avions rien à faire, le tous regroupé bien sûr sous l'étiquette "Rock Alternatif" ou rock Francophone" - ce qui parait encore quelque chose d'extraordinaire au Canada, comme j'en parlerai plus loin -; exclusivité d'un an sur le Canada, refus de travailler sur une tournée BN avec notre correspondant au Québec -Nicolas Bouchard de "Tir Groupé", ex-zine "comme un boomerang"-, que nous avions rencontré durant l'hiver à Paris et qui nous semblait à la fois digne de confiance, efficace et d'une éthique semblable à la notre.

Donc ça n'a pas du tout été, nous sommes arrivés à un constat d'échec avec les représentants du F.I.R.M. (qui, ironie du sort, étaient des français partis là-bas pour monter le festival). Ils sont entrés au Québec en prétendant que nous demandions trop, et qu'on n'arriverait jamais à jouer la-bas. Nous avons donc décidé de montrer, comme nous l'avons déjà fait en France, que nous pouvions tourner hors des grosses structures para-business et frapper fort.

3 mois supplémentaire de préparation, un bordel administratif fort heureusement réglé pas Philippe de Bondage et Nicolas de "Tir Groupé" (permis de séjour, de travail, visa ...); un accord avec l'OCQJ (1), qui nous a véhiculé au Québec. Le speed du départ, et nous nous somme retrouvés dans l'avion, tout abasourdis, mais sachant déjà que plusieurs dates étaient complètes: en particulier LE SPECTRUM, salle ou précisément avait eu lieu le F.I.R.M., qui au maximum n'avait attiré (pour YOUNGS GODS, LSD ...) que dans les 600 personnes. Et là, elle avait été remplie en une semaine, les 1000 places s'étaient littéralement arrachées. Donc nous pensions avoir au moins un accueil d'estime, un public surtout curieux, et des conditions techniques insensées (le mirage de la technologie américaine, vous savez ...), alors qu'en fait on a eu le contraire: sonos pas terrible et public de délire.

Après ma murge au champagne et vodka (boissons gratuites ... hips : la moitié alcolo du groupe écroulée jusqu'a l'atterrissage) . Arrivée à Montréal mercredi 2 novembre, passage en douane très facile (rien) à voir avec les terreurs qu'on nous avait contées); temps dégueulasse (pluie et neige fondue), mais on s'attendait au Pôle Nord et il fait carrément bon. L'équipe de "Tir Groupé" et là; on récupère le matos, rencontre de fans (!) venus carrément nous attendre à l'aéroport et avec lesquels on avait déjà correspondu un peu auparavant horreur, le camion censé servir à la tournée est pourave: bruit de tank, look de fourgon cellulaire, pas de siège, ni de fenêtre, il marche au gaz ... ouf, c'est pour la matos. Nous n'aurons le minibus que le lendemain. L'aéroport est à Laval à 30 km de Montréal. Le trajet dans le bus de l'OFQJ sous les autres stagiaires, est morose. La ville sous cette pluie en plus il fait déjà sombre parait lugubre, BRRR. On est tous H.S., on s'installe chez tous les gens (potes de "Tir Groupé") qui nous logeront: 3 endroits différents, pas trop éloignés les uns des autres. C'est carrément des vacances tellement on nous a bien reçu !! (il faut dire que, quand ça se passe bien, c'est ce qu'il y a de mieux, de "loger chez l'habitant" en tournée).

Constatations: 1- Les apparts sont grands et pas trop chers à Montréal; 2- Il y a dans les 20 chaînes TV, que va-ton devenir ? 3- Yves, le correspondant de "Réflexes" au Québec, est déjà passé et il a laissé un dossier de presse bien craignos sur les skinheads canadiens, à première vue, leur "problème skin" semble aussi préoccupant qu'en France -bref, ça promet ... quoique, à la relecture, les articles, pur sensationnalisme, se dégonflent un peu; 4- Pour l'instant, nous évoluons dans un contexte linguistique franchement bizarre : partie québécois, partie anglais, partie parisien. On s'y fera peu à peu, mais à force, impossible de savoir en quelle langue on parle vraiment ...

Le lendemain, repos et bouffe faisant, avec l'excitation, on tient une pêche d'enfer. Ballade dans la ville, tirée au cordeau à l'américaine, cadre américain, mais avec des relents de vieille Europe : enseignes en français, maisons plutôt britanniques, nourritures de pleins de pays différents (portugaise yiddiish, iranienne ...), bâtiments composites de mauvais goût escaliers extérieurs jusqu'au 2e étage ("à l'américaine", parait-il), centre ville couvert de gratte-ciels bien ricains, bizarreries (le chien chaud" les panneaux "arrêt" et pas "stop"; les expressions locales comme "bienvenue" pour "merci", par exemple). Des tas de flashes, et en plus il fait beau. On s'achète n'importe quoi.

Déjà une interview de faite, ça n'arrêtera pas pendant toute le tournée... Conférence de presse aux "Foufounes Électriques" occasion de découvrir cet endroit quasi-légendaire: 2 bars, salles d'exposition de peintures, ateliers d'artistes, vidéos, salles de concert/discothèque de 300 places ou sont passés déjà plusieurs centaines de groupes, la fleur de l'underground international. Très bon DJ (du Hardcore au Techno-industriel, Batcave, punk classique, les BN et Ludwig à fond, ça brasse ...), serveuses sympathiques et mignonnes, videurs (pardon du mot) sympathiques et efficaces (salut Michel !): c'est un bon endroit. Recette maison: bière-téquila, faut essayer ...
La conférence se passe plutôt bien, c'est le bordel. Les journalistes francophones ont l'air de s'amuser, mais par contre CBS-News (chaîne anglophone très importante) se fait vanner, c'est un désastre. Ils ne sont pas fun à CBS ???
Beaucoup de journalistes présents (comme d'ailleurs aux deux autres conférences de presse: Québec et Jonquière).
Explication: quand ils ont vu le Spectrum plein, ils se sont précipités. Résultat: tout le coin semble en pleine effervescence bérurière. Rencontre de pleins de gens (groupes fans, zines, artistes, dessinateurs). Tir Groupé ont du rajouter en vitesse après la vente des billets du Spectrum les places seront prises.

Premier concert le 4 novembre, Au "77" (ex "L'Usine"). La salle est bourrée (au moins 300-400 personnes) le public est très raide (alcool, et visiblement au Canada, la coke et la mescaline se trouvent facilement ). Gros problème de sono: le concert est prévu comme une "party": il n'y a pour ainsi dire pas de matos. 2 heures plus tard, c'est réglé, on fera avec ce qu'il y a. Le premier groupe est bon, carrément frappé: LES KAROTT KIRI (3 filles, 3 mecs) que j'avait déjà vu en Suisse. Ils improvisent une sorte de boeuf, avec une attitude de scène et un look qu'on ne peut manquer de rapprocher des LV88 des Endimanchés et de Lucrate. Très bancal musicalement, mais vraiment drôle. Une reprise débile roulante de "Salut à toi", un chanteur-batteur en chaise roulante, ça hurle de tous côtés, franche rigolade dans la maison BN.
Le deuxième groupe, LES PARAZIT, sont excellents et proposent un style proche d'OTH: titres punks, d'autres plus rock-lourd, assez portés sur les guitares. Très carré parfaitement joué. Le chanteur vient d'arriver dans le groupe, ça se sent, mais ses textes (en français et en anglais) passent quand même bien ... à suivre.
Si leur son (celui des amplis) était bon, pour nous c'est autre chose: retours inexistants, scène toute petite, puissance de salle insuffisante, une des 2 boîtes à mal supporté le voyage et ne veut pas marcher (on la réparera le lendemain mais provisoirement: elle a rendu l'âme depuis), tant pis on jouera avec une seule ... Bref tout va mal. Mais non ! Le public réagit incroyablement. Délire total, ça pogote partout malgré le son ripou. anicroche avec le S.O. (3 tronches d'anciens skins) qui finissent par se calmer. Impossible de partir de scène, ils en veulent encore ... On conclut quand même vite, c'est trop le purgatoire sur scène.
Après coup, apparemment les "anglos" de Cargos (boîte qui distribue nos disques au Canada et ou bosse Nicolas) semblent avoir aimé, même les skins dont l'un s'en pourtant fait cracher de la bière sur la gueule ... On s'aperçoit qu'un des benêts en question arbore un tatoo "Skrewdriver" c'est la joie. Parait que c'est une erreur de jeunesse, qu'il dit ...

Le lendemain concert à 3 rivières, C'est à environ 150 km au Nord-Est de Montréal, en suivant le St-Lauent large comme un lac (2-3 km). Petite ville de 150000 habitants, nous jouons à l'université du Québec, dans une sorte de salle de gym. Public jeune, le concert est ouvert à tous. Eh oui, j'ai oublié de vous dire qu'au Canada (comme aux States), les mineurs ne peuvent pas rentrer aux concerts ou l'on vend de l'alcool (même la bière), d'ou 3 types de concerts : Underage sans alcool; Tous âges sans alcool et + de 18 ans avec alcool. Il doit bien y avoir dans les 450-500 personnes encore.
GASP ! Il semble qu'il y ait 2 skins dans le premier groupe qui passe, ils s'appellent "Unlimit Speed", jouent un HC très puissant, une petite bande de rasés (12-15) de Montréal est venue les voir, mais, bizarrement, ils sont très polis. Quelques insignes fascistes seront enlevées sans problème ... et les mecs nous diront que "c'est pour le look" ... Problème, ça semble encore plus guignol là-bas qu'ici, pourtant ce ne sont pas les croix celtiques qui manquent (4 de bloquées ce jour-là). La présence des skins qui pogotent aboutira visiblement à faire flipper une bonne partie du public qui ne bougera pas, mais rappellera et applaudira consciencieusement. Pourtant ceux-ci ne semblaient (surtout question gabarit vraiment pas méchants, se contentaient de brasser assez fort, sans aucun coup échangé de toute la soirée. Alors, film dans la tête des gens vis-à-vis des skins à cause des médias ? Où tout bonnement peut de la violence d'une manière générale ? Par la suite je me suis aperçu que, dans son ensemble, le public est plutôt non-violent (même si se sont de sacrés agités) et reste trop passif par rapport aux skins.
En fait les Unlimit Speed, voyant notre réticence vis-à-vis d'eux, eurent tôt fait de s'expliquer, affirmant leur anti-fascisme, et effectivement le chanteur, Alain, devint un de nos grands potes (nous entretenons encore une correspondance avec lui), il a d'ailleurs splitté le groupe peu avant notre départ, sans doute parce qu'il pigeait mieux le problème créé par le public qu'il drainait. En fait la collusion HC/scène skin, quasi inexistante ici, semble évidente là-bas. Un autre groupe "O" dont j'ai écouté la k7 plus tard, sonne "United Party" (jeu de mots ambigus, hein ! ?), sonne également assez HC, et en France, un type comme Alain serait considéré comme "Hardcore" de part sa dégaine ...

Bref passage de la nuit dans un motel (expérience américaine obligatoire), avec barouf général bien prévisible. Retour à Montréal. Le soir les SHAM 69 jouent aux Foufounes. Les 3/4 du groupe allèrent au concert (pas très bon), s'embrouillèrent avec quelques chauves pas trop tolérants, qui commençaient à vouloir agresser les Sham 69, bref rencontre Backstage. Le lendemain, arrivée de Sham au concert "Underage" des BN aux Foufounes Électriques. Le seul autorisé aux mineurs à Montréal (lundi 7 nov). Résultat: foule devant la porte, heureusement, il fait bon. La scène est un peu petite et basse de plafond, on arrive à se débrouiller.
Dehors, légère surexcitation : des caméraman de CBS (encore eux) venus compléter leur reportage, manquent de se faire écharper pas les momes en furie. En effet à plusieurs reprises, des mineures en fugue avaient été reconnus par leurs parents et récupérés ensuite sur des reportages ou des photos des Foufounes (en plus, là-bas, pour eux, quand votre enfant fugue ou devient punk ou skin, c'est comme s'il rentrait dans une secte qui lui bourre le crâne, il faut donc le reprendre et le "déconditionner", lui laver la cervelle en fait, quelle bande de pourris hein ?).
"Sale flic !". Hop, le caméraman rebondit sur la vitrine. Toute l'équipe se tire immédiatement. Mais la scène n'a pas échappé à une chaîne TV aux aguets: "4 saisons". Quelle aubaine, il la filme; alors qu'en fait le public, à part cette péripétie, est resté super-cool devant la porte !
Entrée ! Ca déferle à toute berzingue. Peut-être 550 momes arrivent à rentrer. D'ailleurs il y en a qui ont magouillé, ils n'ont pas l'air si jeune que ça ! Sinon, certains ont fait 200, 300 bornes pour venir ...On réussit à faire rentrer tout le monde ...

Avant les BN, ANESIE ATTAQUE, avec son punk-rock millesimé 77, en français-québécois. Gros son de guitare. C'est carré, un peu lignée Porte-Mentaux du début, Rats, etc. Ils ne jouent pas longtemps, mais c'est un gros succès. Ils flippaient de se faire jeter avant le concert, et là, le chanteur se fait dévaliser en quelques secondes des k7 qu'il avait apportées pour lancer au public. Puis ça repart avec BN. Concert hystérique. Ca chante de partout. Il fait chaud à crever. On n'y voit rien, tellement c'est petit, tellement il fait chaud, tellement ça bouge. Vrai délire. A tel point qu'a la fin, la sono, qui avait commencé à couiner pendant Amnésie, claque à moitié. Quelque chose doit être débranché, en tout cas dès que ça pogote trop fort, ça craque de partout. En fer ! Néanmoins l'ambiance continue jusqu'à la fin, comme s'il n'y avait aucun problème.
Engueulade entre Laurent et les gens de la sono. Il se taille un succès facile en demandant que le directeur de la salle rembourse les billets (ce qui ne fut pas fait finalement). Après plusieurs rappels assez dingues Jojo surnageant au dessus du public), le public s'en va rompu et heureux (du moins ils en ont l'air).

Le lendemain, le concert à ne pas rater: LE SPECTRUM la presse est venus en nombre, et à la différence de l'autre soirée (du 15) qui avait été remplie par des fans purs et durs, le public n'est pas acquis : beaucoup de curieux, d'anglophones (50% de la salle), mais c'est également sold-out !
La balance s'était mal passé, je flippais. Et en fait, ce fut la claque. Son correct, quoique le Spectrum ait la réputation d'être l'une des meilleures salles de monde, et que donc, au niveau acoustique, cela aurait pu être beaucoup mieux. Jeu de scène rodé et délirant (Bol revenu avec nous et a pu donner sa mesure, Jojo le cracheur de feu est de plus en plus à l'aise également) décors bien installés (la scène était grande, bien aérée, pourvue d'un praticable au centre : bonnarde quoi), jeux de lumières parfaitement bien orchestrés par Mr Lulu l'éclairagiste, qui avait à coeur de montrer à sa famille (il est à moitié québécois), ce qu'il pouvait faire.
(Pour la petite histoire, son père Raymond -attention, pas René Lévesque est un poète-chansonnier de la première génération, avant les Charlebois et autres. Il reste encore très célèbre au Québec, c'est l'une des grandes firures indépendantistes, et ses écrits, ainsi que sa rencontre ont beaucoup impressionné les BN, François a même lu un passage d'un de ses livres sur scène lors du 2e Spectrum fin de cette parenthèse.
Bref, une oubliés l'angoisse d'avant le concert, la prise de tête de la balance, le triage à faire à l'entrée (5-6 skins jetés), CON-TENT.

A noter deux trucs : -Les magouilles pour faire rentrer les gens sans tunes, les mineurs, les gens sympas ... à l'entrée, moins compliqué que d'habitude, S.O. très professionnel, très calme ... Chapeau (et pas des fafs, ça change). Évidement nous n'avions pu emmener notre propre S.O. au Québec pour des histoires de coûts bien évidentes.
- La fuite de quelques skins (toujours) égarés, qui avaient réussi à rentrer et commençaient à jouer les "méchants" dans le pogo. Suite à un apostrophe de Loran durant "Le Renard", à quelle vitesse ils ont tracé ...
- Le Slam de délire : 3 épaules cassées ce jour-là. Nous avons ramené des photos insensées de la-bas avec des mecs dans les airs, etc.

Je passe les détails de la journée off du lendemain (repos, interviews, bonnes bouffes: nettement supérieures à ce que l'on croit, bars, etc.)
Et on se retrouve en expédition pour Jonquières/Chikoutimi, à côté du Lac St Jean. Agglomération de 200000 habitants à 500 bornes de Montréal, 250 au nord de Québec. Arrêt à Québec, conférence de presse.
Puis traversée de 100km de parc national. Vastes étendues désolées de marécages et d'arbres bouffés par les pluies acides venues directement des States. Paysages post-atomiques des familles. Tempête de neige. La première.
Arrivée à Jonquières, bled crasseux, style ZUP du Nord ou de l'Est de la France. La salle est sympa genre petit théâtre ou cabaret, la sono est merdique: elle est en MONO !! On croyait que ça n'existait plus depuis les années 60 !! Les videurs sont des beaufs allumés. J'aurai même plus tard un bon coup de gueule avec l'un d'eux qui était en train de sortir violemment une petite punkette qui suivait le groupe depuis 4 concerts.
Du monde (400 personnes), bonne ambiance, dommage, il n'y a pas de 1er groupe, du coup le prix d'entrée (55 balles !) fait mal. Ca gueule. Après le concert, assez court mais correct sans plus à cause de cette sono insensée, bouffe locale dans les backstages presque aussi grands que la salle ! et conférence de presse improvisée plutôt sympa.

Rencontre du propriétaire de la salle. Il se trouve également être celui de la sono, et également du bar-discothèque-branchée (ringard) ou nous allons après. Il essaie de nous refourguer de la coke, voire même de payer le concert en coco ! Chou blanc ... (ça avait dû marcher avec les P.M.; je suppose). Il nous emmène dans son hôtel, en dessous duquel se trouve un bar clandestin-tripot-salle de jeux ouvert toute la nuit (normalement les bars et boîtes ferment à 3h du mat) également à lui. On apprend encore par Nicolas, que le magasin de disques de la ville, c'est encore lui. Bref voilà un mafioso de la plus belle eau. L'hôtel est pourri, les matelas sont multicolores (genre vomis), les couvrantes et les draps décorés de trous et de tâches suspectes, une chambre est remplie de bestioles. Bref nous restons coincés dans nos sacs de couchage. C'est la totale (et j'en oublie).
Le lendemain, fuite généralisée vers Québec, et changement de décor: c'est très européen, style Iles Anglo-Normandes, Normandie, Bretagne ou Suisse. Ville close de remparts, vieux bâtiments.

Rue piétonnes, restaurants à la française et boutique pour touristes. C'est là ou va tout bon américain qui veut connaître l'Europe à moindre frais commence son périple.
Nous logeons tous dans un loft. Impossible de dormir (blague de potaches, lit en portefeuille quand tu rentres pété à 6h du mat) ... Mais ça fini par être assez fun. La 1ere journée est occupée par la découverte de la ville, flânerie, lèche-vitrines, visite de la boutique de disques de la ville, Vinyle" (très bien), etc.
Le lendemain, les choses sérieuses commencent: 3 concerts à faire 20 jours, ça va être dur.
La salle est bien: "le café théâtre du vieux port", contient au maximum 500 personnes. Bonne sono, bonne acoustique, bonne visibilité (un peu trop de sièges), grande scène ou le décor s'intègre parfaitement. En plus c'est à côté du vieux port et c'est beau.
Le premier concert est délirant. Un petit groupe de HC entame les hostilités. Ca n'est pas trop au point mais l'ambiance est correcte dès le début. Ca slame de partout, pourtant la scène n'est qu'a 50 cm du sol.
L'arrivée des BN provoque une quasi-hystérie. La prestation en elle-même est bonne, sans plus (le groupe parait se réserver pour le lendemain, dirait-on). En plus quelques-uns (Hein Masto) sont complètement saoul, mais le contact s'établit à fond, jusqu'au moment ou ... Argh ! Que vois-je ? Des skins dans l'assistance !!!
Ils sont 5-6 pas vraiment taillés, arrivés sur le côté. L'un d'eux exhibe un T-shirt du père Adolf. Pourtant on avait filtré à l'entrée et en particulier arraché un aigle nazi à une punk qui n'avait rien compris à l'histoire. Ca commence à speeder, car François les a vus de la scène, parmi les premiers, il l'apostrophe quand "Porcherie" commence ... huée du public (facile mais efficace). Les affreux essaient de monter sur scène. Une bird prend une claque, le type au T-shirt se mange un coup de pied en pleine tronche par Titi, tandis que les autres sont littéralement happés par la foule. Ils disparaissent et se font un peu secouer (par méchamment, on les reverra après, ils ne sont pas morts). Du coup, c'est reparti pour la fiesta, le concert durera plus de 2 heures.
A la sortie, dehors, Tiens revoilà donc les chauves, toujours avec leurs croix celtiques, etc.
Que foutent-ils donc là ? Apparemment ils sont allés chercher du renfort : ils sont une petite dizaine, mais plutôt baltingres. Joj s'énerve et veut en éclater un, je le calme. En effet, le mec se la joue démocrate, cool, style "Je comprends pas". On rentre tous les 2 dans la salle, écoeurés devant tant de bêtises. Mais d'un seul coup, voilà que retentit un joyeux choeur "Heili heilo". Là c'en est trop. tous le monde dans le groupe prend les nerfs (en plus, l'alcool aidant, on est un peu remontés) : c'est le rush à une dizaine dehors avec tout ce qui nous tombe sous la main : pied de micro, nunchakus, les crochets de bouchers de "Porcherie", la cuillère en bois de "On a faim". Tout cela pour voir au loin 2 voitures de skins qui s'enfuient à toute vitesse...
Heureusement, parce que énervés comme on l'était, ils auraient fini dans le port, à quelques mètres de là. Évidemment, ça aurait créé des problèmes policiers ...

Le lendemain, premier concert (sans alcool) ouvert à tous, toujours au même endroit, balance à midi, grosse fatigue générale. On se traîne.
Sound check du premier groupe, les Mal-Aimés. Formation hard-mélodique avec bassiste-chanteur (en fait c'est une base clavier, sosie de David Lee Roth). Ils effectuent des cover hard de chansons et morceaux français : Gainsbourg, Plastic Bertrand; Trust, Trotskid, et ... Ludwig Von 88 et les Bérurier Noirs. Assez fun, comme vous pouvez le penser. Déjà voir Karott Kiri reprendre "Salut à toi" avait été un grand moment d'éclate, mais là, "Le Renard", "Petit Agité" et "Porcherie" version hard et avec une batterie, c'est hallucinant, "Surtout pour le chant". En plus, comme ils n'osent pas les jouer au concert, ils le feraient rien que pour nous, à la balance, sous force applaudissement de toute l'équipe BN.

etc, etc etc etc.

NDR : On arrête l'article de Marsu là, parce que sinon, c'est un On A Faim ! complet qu'il faudrait pour raconter les péripéties des Bérus au Québec.
Après ce concert, il y en eu encore 2 autres, toujours avec succès et des salles conquises d'avance ... encore quelques skins, quelques doigts d'alcool et il fallait quitter le Québec ...
Enfin, on ne vous raconte pas les galères impensables qu'il a fallu vivre pour que cette article puisse paraître quasiment en entier

.
. . .
. . .
. .
. . .