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[Archives - Presse - On A Faim n°11]


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Numéro 11 - 1988

OAF ! : Maintenant vous êtes à la SACEM, est-ce que ça vous a amené quelque chose ?
LORAN : On a fait une erreur en fait, c'est de ne pas y être entré plus tôt. Mais c'était dû à des problèmes complexes...
MARSU : On n'était pas préparé à un truc comme ça.
LORAN : Essaye de te rendre compte au début notre démarche c'était : on est un groupe alternatif, il est hors de question que la SAGEM gagne des thunes sur notre dos, donc on ne s'inscrit pas. Ensuite on s'est rendu compte que la SAGEM, du fait qu'on n'était pas inscrit, se faisait encore plus de fric sur notre dos ... Parce que les radios cotisent un forfait chaque mois, qu'on soit inscrit ou pas, donc les Bérus rapportent du fric à la SACEM, parce que la part qui nous reviendrait à cause de nos passages sur les radios, ils la gardent ...
MARSU : La SACEM, ça marche sur un principe, celui des plus forts passages et des plus fortes audiences. Quand les Bérus passent et que l'argent va à la SACEM, que ce soit payé par la télé ou les radios, l'argent est réparti entre les gens qui passent le plus, c'est à dire aux gens du top 50. Et on n'a pas envie de refiler du fric à ses gens-là.
LORAN : Même quand on refuse d'être à la SACEM, on y est quand même. C'est un jeu de cons. Je pense qu'il vaut mieux s'inscrire et prendre notre part, ça fait ça de moins pour eux. De toutes façons ils auront leurs parts, sinon plus.
MARSU : J'ai pondu un texte sur la SACEM, qui paraîtra dans "le Mouv'ment de la Jeunesse", c'est hyper clair, ça explique les problèmes, les incapacités de la SACEM. La SACEM c'est un bordel noirâtre, on a mis avocats là-dessus ... Mais on reste vigilants par rapport à ça et on essayera d'informer tout le monde sur la SACEM, Ce sera génial, mais tant que les structures du show-biz seront comme elles sont, c'est niqué.
LORAN : En ce moment c'est pas le cas du tout. Même dans le rock alternatif, c'est vraiment pas le cas.

OAF ! : La compile, "Les Héros du Peuple Sont Immortels", par exemple, est à la SACEM ...
MARSU : Parce qu'il y a des groupes sur cette compile qui était à la SACEM, comme les Porte-Mentaux ou La Souris.
LORAN : Il y a un truc que je trouve bête en ce moment par rapport au rock. C'est qu'il y a eu un mouvement rock alternatif très, très fort et au lieu que ça développe un côté encore plus dur et plus clair, qui consiste à dire : "on est des groupes alternatifs, ça marche bien, il faut maintenant qu'on reste comme ça, parce que c'est comme ça que les choses changent ..." ...Bon il y a les Bérus ou d'autres qui se battent, mais il y en a plein, dès qu'ils commencent à marcher, ils enflent et ils signent sur un gros label. Et ça c'est un coup qu'on porte sur le rock indépendant.
MARSU : Il y a quelque chose qui doit être clair : Il y a vachement de gens qui sont dans le rock alternatif, mais qui considèrent ça comme un ghetto. En France, le rock étant très marginal, que ce soit du point de vue de la presse, de l'image, ou du public ... du coup il y a plein de groupe qui sont dans le rock alternatif parce que c'est utile pour eux, pour leur développement, et qu'ils n'ont pas le choix. Et le problème, c'est que dès qu'ils ont le choix ils signent sur un gros label. Et ça, les boites de disques le savent, elles signent à tour de bras parce que le rock alternatif se vend, et résultat : c'est un désastre; parce qu'il y avait plein de groupes qui faisaient de la bonne musique et qui sont tombés dans des plans désastreux, comme les Porte-Mentaux ...
LORAN : C'est vraiment le cas typiques. Les PM c'est un groupe qu'on connaît bien, parce qu'on a fait beaucoup de concert avec eux. Ils ont aussi beaucoup tournée dans les squattes en 83-84. C'était vraiment un groupe de scène avec de la pêche, et le comble de tout, c'est que maintenant ils sont amenés à faire des concerts en play-back ... C'est le délire ! On a fait un concert en même temps qu'eux à Valenciennes et ils ont fait trois morceaux en play-back ça peut arriver qu'une fois de temps en temps, okay, mais merde, qu'un groupe de rock soit amené à faire ça, ça me choque.
MARSU : Ce qu'il y a de terrible, c'est qu'un groupe comme ça, qui vise le créneau "Téléphone", en vienne à être considéré comme punk et radical.

OAF ! : Tu peut parler de l'affaire ou on a voulu mêler Black-War et les Bérus ?
MARSU : C'est évident qu'il y a eu une magouille de la part des flics et de la presse (Hersant, TF1, FR3 et la 5) qui s'est fait l'écho de ce que disait les flics sans avoir de preuve. Pour nous criminaliser de faire dire : Rockers = terroristes, avec les embrouilles policières et les interdictions de concerts que ça peut entraîner. Ca nous a apporté des problèmes "un côté parce que les gens ont pris peur (certains parents qui ont refusé que leurs enfants aillent à un concert des Bérus) ensuite on a eu des problèmes d'autorisation de concert ... tu parles, quand les flics entendent parler de Bérurier Noir, ça leur dit quelque chose sans qu'ils aient besoin de taper leur fichier. Par ailleurs ça nous a bien fait rigoler et comme le disais récemment, ça a démontré aux yeux de tous, en voyant la contradiction des articles entre eux, que la presse raconte n'importe quoi aux gens : si on comparait la réalité des faits avec ce qui était évoqué, c'était hallucinant. On ne s'imaginait pas à quel point la presse pouvait truquer les informations qui nous arrivent ... (voir "le mouv'ment de la jeunesse" spéciale affaire Black-War).


Propos recueillis par Élise
"Les martiens attaquent"
Fusion FM Macon 101.5

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