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[Archives - Presse - Anonyme n°4]


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1985

A l'heure ou je tape ces lignes, c'est le branle-bas de combat général chez les BERURIER NOIR qui doivent participer ce week-end (27,28 juillet) au festival EUROROCK à côté de Cherbourg avec rien moins que DAMNED, TROISKIDS, L.S.D, RUBELLA BALLET, BRIGANDAGE, PETER & THE TEST TUBE BABIES et une floppée d'autre groupes français. En effet cette fois-ci en plus de leur set "normal" (un mot difficile à utiliser pour des performances pareilles, et surtout différentes à chaque gig) ils ont prévu un feu d'artifice et des exercices de cirque (jonglerie) en background visuel. Car les BN, c'est un peu plus que de la musique : "notre ambition serait de devenir un spectacle total, d'accentuer encore le côté visuel, d'inclure du cirque, de l'acrobatie, des arts martiaux, des film et tous ce qui pourra nous passer par la tête et paraître branchant. De toutes façons nous sommes un petit théâtre de guerre, et aussi bien pas la scène que par nos textes ou même notre musique, nous tentons d'être une image, un reflet du monde dans ses excès les plus extrêmes (et extrémistes NDLR).
Charmante déclaration d'intention pour un groupe que son radicalisme et ses concerts furieux (entres autres) ont rendu quasi-mythique. Parlons en d'ailleurs, de ces performances live : pour citer RASSCLAT (un zine de Bordeaux) "il est quasiment impossible de retranscrire la folie".

Comment imaginer, évidemment, qu'un groupe aussi minimal (duo chanteur guitariste avec boîte à rythme des plus simples) puisse envahir l'espace et visuel avec une telle force ?

Car c'est bien de force qu'il s'agit : celle que donnent la révolte à l'état brut, la rage : "vivre libre ou mourir". Sur scène le groupe donne le maximum, ce n'est pas un vain mot de dire qu'ils crachent leurs tripes. L'efficacoté totale de leur musique : minimalisme punk rock à la METAL URBAIN, mélodies Ultra-simples mais renversantes, refrains scandés avec la foule, jointe à l'impact naturel des paroles qui évoluent souvent bien plus loin que les clichés anti-tout (oppression, état, guerre ...) qu'elles paraissent illustrées, ont fait de presque tous leurs morceaux des hymnes (il est d'ailleurs symptomatiques à ce niveau que leurs paroles soient fréquemment publiées dans les zines et que plusieurs émissions de radio utilisent certains morceaux comme générique) ... LOBOTOMIE-HOPITAL / NADA / FRERES D'ARMES / MANIFESTE / ELSA JE T'AIME / MACADAM MASSACRE / J'AI PEUR / CHROMOSOME Y / LES REBELLES / PORCHERIE / FILS DE / COMMANDO PERNOD / LE RENARD / VIVRE LIBRE OU MOURIR / CONTE CRUEL DE LA JEUNESSE ont déjà gagné leur place au panthéon des classiques du rock frenchy. Ajoutez une véritable mise en scène adaptée à chaque morceau, avec masques (ils en ont une de ces collec' !), crochets de boucher, sirène, cirque (voir plushaut) et l'improvisation dûre à l'intervention quasi-systématique du public qui prend d'assaut la scène, du gang des agités, des amis qui suivent les BN dans presque tous les gigs :

"A Tours, tout spécialement, cela a posé un problême, car quand tu prévois un contrat d'hébergement de six-sept personnes, c'est pas cinquante. Néanmoins, c'est très rare qu'il y ait autant de monde, en général ce sont cinq à dix personnes qui nous suivent partout : les concerts des BERUS, c'est un peu les vacances, la fête, quoi; c'est une grande partie de rigolade tout le long ... Souvent on nous reproche de citer dans nos paroles deux à trois fois par chansons LES BERUS, c'est sûr qu'on raconte notre vie, mais d'autre part les BERURIERS ça n'est pas nous, c'est l'ensemble de ceux qui sont avec nous, ce sont les Agités, auxquels nous avons ainsi voulu rendre hommage. Le groupe, en fait, ne se limite plus à une guitare, une boite et deux personnes". Il faut dire que la réaction du public est à la hauteur de l'effet cyclonesque produit par le passage de la lame de fond béruriere : enfin un spectacle total ou les spectateurs on un rôle presque aussi important que les musiciens et réagissent en s'amusant et en pogotant comme de beaux diables.

"On a effectué une série de concerts avant les vacances, dans le Sud, le Sud-ouest, les Alpes et la Bretagne, à chaque fois le concert était différent mais cela s'est toujours bien passé. Ainsi à Grenoble, le public était quasiment hard core, nous avons joué avec HAINE BRIGADE (de Lyon) et un groupe local. Le résultat, c'était un amas de punks, de skins, de babos, de paires de docs, de paires de rangeos, entassés sens-dessous-tête devant la scène. A Toulon, c'était un concert anti-militariste, aussi on a un peu flippé avant à cause de la réputation (spéciale trouffions bourrés) de la ville, mais en fait tout s'est bien passé à ce niveau à part une histoire à la con. A Périgueux, les gens sont plutôt branchés 60's, aussi le groupe qui a joué avec nous, LES PURITAINS, ainsi que le public, étaient plutôt là-dedans. On a joué aussi à Toulouse, au Bikini, il y avait quand même trois ou quantre cents punks qui s'était déplacés alors qu'il n'y avait pas eu de promo ou presque, et ce qui est bien là-bas, sur des textes comme PORCHERIE (LE PEN... PORCHERIE"). Prochainement, on doit d'ailleurs y rejouer, dans le cadre d'un festival anti-fasciste organisé par le S.C.A.L.P. ( Section Carrément Anti Le Pen) à la rentrée. Sinon, on a aussi fait quantre dates très bien en Bretagne et on a joué à Lyon dans le cadre des JOURNEES LIBERTAIRES, et à Lausanne ou les organisateurs ont carément flippé : toute la salle en train de pogoter comme des oufs, ils n'avaientjamais vu ça : ils ont failli arrêter le concert alors qu'en fait c'était super et que rien n'a été cassé". Car, pour surprenant que cela puisse paraître, le public des BERURIERS, quoique bien attaqué, sait en général se tenir à carreau en ce qui concerne les embrouilles et les destroy de la salle (quand tu t'amuses, tu évites de foutre par terre le moyen de refaire des concerts). "L'autre avantage avec les concerts en province, c'est que tu peux rencontrer d'autres gens, le brancher d'autres groupes (il y en a plein qu'on aimerait faire jouer à Paris ou en province avec nous), et aussi assurer toi même en parti la distribution de disques à moindre prix pour casser la politique des disquaires de rock qui vendent 70 francs ce que nous vendons à 35 francs. On essaye d'être honnêtes et d'en donner vraiment aux gens pour leur argent, en concert comme en disque".

"Sur Paris, c'est dur de trouver des concert, déjà parce que comme on tourne pas mal, on a pas le temps matériel d'en chercher, ensuite parce que la préfectures de police et la mairie font tout ce qu'elles peuvent pour bloquer les concerts rock en général et punk en particulier. Par rapport à cela on essaye de jouer le plus souvent possible dans la rue comme on l'a fait à Beaubourg pour les insoumis, avec LUDWIG VON 88 et LES ENDIMANCHES, le 30 mais dans la manif des chômeurs sur un camion affrété par le journal "TOUT" (même si ça a été un désastre parce que les flics ont chargé); et aussi plus récemment le 21 juin pour la fête de la musique avec dix autres groupes dans un concert 100 % auto-organisé au DRAGON DE LA VILLETTE, et sous l'égide de l'association "LES BATTELEURS DE BAKOUO" qui regroupe en particulier d'anciens membres de LUCRATE MILK et M.K.B. Il y aura d'ailleurs prochainement une cassette compilation qui sera tirée de ce concert".

"On a aussi un projet de maxi 45 t pour noel, peut-être avec emballage spécial cadeau, un gag, quoi ... Sinon d'une manière générale, on veut arriver à former une équipe pour tourner avec nous, avoir un traffic pour véhiculer tout ce monde, être indépendant du point de vue sono, du point de vue déplacements. D'autre part, et c'est tout à fait lié à ce que je viens de dire, on a des amis qui bossent dans le cirque, d'autres qui se sont lancés dans la voltige, la jonglerie et qu'on a plusieurs titres ayant rapport avec le cirque de prévus, en particulier un qui s'appelle Vive Le Feu. Ce qui nous brancherait, ce serait d'inclure la musique bérurière dans le cirque, de faire une sorte de cirque rock en quelque sorte, et même, dans quatre cinq ans de monter un cirque avec tous ces gens, de toutes façons, on est un peu les clowns du rock ... Ce qu'on voudrait améliorer. C'est l'asspect technique et le visuel sur scène. Bien sûr, celà veut dire qu'on va être de moins en moins mobiles, qu'on aura besoin de plus d'argent pour tourner (il faut signaler qu'actuellement l'intégralité du staff et du matériel BERURIER NOIR tient dans une R5, N.D.L.R). Mais on compte faire prochainement une demande de subvention pour le label (BONDAGE RECORDS/ROCK RADICALS RECORDS), peut-être que celà marchera. De toutes façons, c'est sûr que l'on ne fera tout ça que très progressivement, en plusieurs années, parce que l'on a toujours des tas de projets et que, sur le lot, il y en a 50 % ou moins qui se réalisent petit à petit. On va déjà au moins inclure un sax sur scène pour les prochains concerts, tâcher de faire plus équipe avec d'autres groupes comme les LUDWIG VON 88, AUSWEIS, LES ENDIMANCHES, LES PORTE-MENTAUX, LES WASHINGTON DEAD CATS... De toutes façons, pas de problèmes, LES BERUS, c'est du bricolage tout le temps".

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